Artémise est bien vieille. Telle une madone de la cité Benjamin constant de Vierzon, elle rend service aux chômeurs occupant les barres HLM, les érémistes, les migrants, les pauvres vieux.
Dans son antique DAF à vitesse automatique, elle véhicule ses protégés à Leader Price, à la préfecture, à la sécu. Ils y remplissent les paperasses exigibles à tout bon citoyen qui tente de régulariser sa situation. Artémise ne véhicule qu’à la condition d’être payée comme une taxi-women. Elle déteste la gratuité, le manque d’argent l’angoisse.
Artémise pratique la taxidermie. Elle embaume et transforme en momie les petits animaux de compagnie. Une seconde vie qui ravit leurs propriétaires, et qui rapporte bien.
Pour Armand, rocker dandy et nonchalant, elle accepte le contrat de le véhiculer matin et soir à son travail, une casse automobile. Son permis de conduire est suspendu à cause de boisson.
Là, il rêvasse souvent sur la banquette arrière d’une vieille Cadillac eldorado hors d’usage, à lire les philosophes.
Par un petit matin, Armand attend sa conductrice. Elle arrive, en portant une valise en carton d’une drôle de façon.
Comme un fossoyeur qui transporte un cercueil.